Genève : Extinction d'animaux alarmante
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Genève : Extinction d'animaux alarmante
Nul besoin d’aller à l’autre bout du monde ou de remonter à l’époque des dinosaures pour parler d’extinction de masse des animaux. Des espèces disparaissent sous nos yeux, à Genève. Bien sûr, il est moins spectaculaire de parler d’un minuscule rongeur ou d’un obscur insecte, que de requins et de rhinocéros. Mais cela permet de prendre conscience que nous avons aussi un rôle à jouer à notre échelle.
Pendant toute cette semaine, la «Tribune de Genève» vous présente chaque jour une espèce animale qui a récemment disparu du territoire cantonal, ou qui risque de disparaître si nous ne faisons rien. Nous avons sélectionné six exemples parmi de nombreux autres: la couleuvre vipérine (lire en page 6), un scarabée (le pique-prune), la souris des laîches, une jolie grenouille (la rainette verte), la perdrix grise et la tortue cistude.
La situation est alarmante. Le canton de Genève abrite 149 espèces d’oiseaux nicheurs et migrateurs, mais six ont disparu au cours des dernières décennies. Sur les
onze espèces de reptiles présentes, quatre sont en danger critique d’extinction. On recensait encore quinze espèces d’amphibiens à Genève il y a trente ans, mais trois ont désormais disparu. Et sur les douze restantes, sept figurent sur la liste rouge des espèces menacées.
L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) estime que sur les dizaines de milliers d’espèces animales et végétales existant en Suisse, 35% sont en danger. Pour trente-neuf d’entre elles, qui sont endémiques, leur disparition du territoire national signifierait leur extinction à l’échelle mondiale.
Le phénomène s’accélère
«De tout temps, des espèces animales et végétales ont disparu à cause des changements climatiques, remarque Manuel Ruedi, conservateur au Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève. Mais c’était une évolution sur le long terme. Le drame, aujourd’hui, c’est que la perte de biodiversité s’accélère fortement sous la pression des humains.»
Par le passé, la chasse et le braconnage ont décimé beaucoup d’espèces en Suisse. Mais depuis un siècle ce sont surtout la pollution, l’agriculture, l’introduction d’espèces invasives et l’urbanisation galopante qui nuisent à la biodiversité locale. L’habitat de certaines espèces a été complètement morcelé et s’est réduit comme peau de chagrin. «Près de 98% des zones humides ont disparu en Suisse», constate Manuel Ruedi. Les rives des cours d’eau et des lacs ont été aménagées, les marais asséchés pour les besoins de l’agriculture et de l’aménagement du territoire. Or, la déperdition de ces milieux – les plus riches en espèces – menace directement la cohorte de poissons,
batraciens, insectes, oiseaux d’eau ou mammifères qui les habitent, quand ce n’est pas la pollution qui les rend invivables.
Selon Manuel Ruedi, les insectivores (chauves-souris, poissons, oiseaux, batraciens, reptiles, petits mammifères, etc.) sont particulièrement menacés car en plus de leur habitat, leur nourriture se raréfie du fait de la disparition massive des insectes, notamment due à l’usage des pesticides. «Les conséquences peuvent être catastrophiques», s’inquiète le biologiste. Il y a un effet domino: telle plante disparaît, et avec elle les insectes qui en dépendent, puis les prédateurs de ceux-ci et ainsi de suite en remontant la chaîne alimentaire. Cela va d’ailleurs dans les deux sens: pour se reproduire, les plantes dépendent des insectes pollinisateurs, dans les cultures vivrières comme ailleurs. Autrement dit, sans les insectes, notre production agricole serait gravement compromise.
En outre, à la disparition d’espèces s’ajoute la diminution du nombre d’individus par espèces, qui, à terme, finit par nuire à leur reproduction. «Et puis, cela appauvrit leur diversité génétique, ce qui accroît la vulnérabilité des animaux aux maladies et aux parasites», souligne Manuel Ruedi.
À Genève, de gros efforts ont déjà été consentis en faveur de la biodiversité. Des cours d’eau ont été renaturés pour reconstituer des habitats naturels. Autre exemple: des haies et des prairies, propices à la faune, ont été restaurées en milieu rural, grâce aux subventions fédérales. Enfin, les agriculteurs ont aussi fortement réduit leur usage des pesticides.
Plan d’action genevois
«Genève a une très bonne politique d’aménagement du territoire, souligne l’inspecteur cantonal de la faune, Gottlieb Dändliker. Plus de la moitié du territoire cantonal est en zones strictement protégées pour l’agriculture, la biodiversité ou les loisirs. Mais il reste encore beaucoup à faire.» Christina Meissner, vice-présidente de la Commission consultative de la diversité biologique à Genève, partage cet avis: «La renaturation des cours d’eau n’a pas résolu le problème de la quantité et de la qualité de l’eau, qui sont parfois insuffisantes.»
En réponse aux demandes des associations environnementales, le Conseil d’État a présenté un plan d’action en juin. Il prévoit notamment de recenser et protéger les milieux favorables à la faune, de continuer à développer les corridors biologiques reliant ces habitats et leurs populations entre eux, de lutter contre la pollution lumineuse nuisible aux espèces nocturnes, de s’attaquer à la pollution des milieux aquatiques et d’augmenter les effectifs des espèces menacées. Enfin, les diverses
politiques publiques comme l’aménagement du territoire devront systématiquement prendre en compte la biodiversité.
Hélas, à peine ce plan d’action publié, le Conseil d’État décidait, dans le cadre de restrictions budgétaires, de raboter son budget. «J’ai été choquée d’apprendre qu’il sera réduit de 500’000 fr. par année pendant dix ans, tonne Christina Meissner. Cela fait douter de la sincérité du Conseil d’État.»
► SOURCE : Tribune de Genève (voir l'article)
Pendant toute cette semaine, la «Tribune de Genève» vous présente chaque jour une espèce animale qui a récemment disparu du territoire cantonal, ou qui risque de disparaître si nous ne faisons rien. Nous avons sélectionné six exemples parmi de nombreux autres: la couleuvre vipérine (lire en page 6), un scarabée (le pique-prune), la souris des laîches, une jolie grenouille (la rainette verte), la perdrix grise et la tortue cistude.
La situation est alarmante. Le canton de Genève abrite 149 espèces d’oiseaux nicheurs et migrateurs, mais six ont disparu au cours des dernières décennies. Sur les
onze espèces de reptiles présentes, quatre sont en danger critique d’extinction. On recensait encore quinze espèces d’amphibiens à Genève il y a trente ans, mais trois ont désormais disparu. Et sur les douze restantes, sept figurent sur la liste rouge des espèces menacées.
L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) estime que sur les dizaines de milliers d’espèces animales et végétales existant en Suisse, 35% sont en danger. Pour trente-neuf d’entre elles, qui sont endémiques, leur disparition du territoire national signifierait leur extinction à l’échelle mondiale.
Le phénomène s’accélère
«De tout temps, des espèces animales et végétales ont disparu à cause des changements climatiques, remarque Manuel Ruedi, conservateur au Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève. Mais c’était une évolution sur le long terme. Le drame, aujourd’hui, c’est que la perte de biodiversité s’accélère fortement sous la pression des humains.»
Par le passé, la chasse et le braconnage ont décimé beaucoup d’espèces en Suisse. Mais depuis un siècle ce sont surtout la pollution, l’agriculture, l’introduction d’espèces invasives et l’urbanisation galopante qui nuisent à la biodiversité locale. L’habitat de certaines espèces a été complètement morcelé et s’est réduit comme peau de chagrin. «Près de 98% des zones humides ont disparu en Suisse», constate Manuel Ruedi. Les rives des cours d’eau et des lacs ont été aménagées, les marais asséchés pour les besoins de l’agriculture et de l’aménagement du territoire. Or, la déperdition de ces milieux – les plus riches en espèces – menace directement la cohorte de poissons,
batraciens, insectes, oiseaux d’eau ou mammifères qui les habitent, quand ce n’est pas la pollution qui les rend invivables.
Selon Manuel Ruedi, les insectivores (chauves-souris, poissons, oiseaux, batraciens, reptiles, petits mammifères, etc.) sont particulièrement menacés car en plus de leur habitat, leur nourriture se raréfie du fait de la disparition massive des insectes, notamment due à l’usage des pesticides. «Les conséquences peuvent être catastrophiques», s’inquiète le biologiste. Il y a un effet domino: telle plante disparaît, et avec elle les insectes qui en dépendent, puis les prédateurs de ceux-ci et ainsi de suite en remontant la chaîne alimentaire. Cela va d’ailleurs dans les deux sens: pour se reproduire, les plantes dépendent des insectes pollinisateurs, dans les cultures vivrières comme ailleurs. Autrement dit, sans les insectes, notre production agricole serait gravement compromise.
En outre, à la disparition d’espèces s’ajoute la diminution du nombre d’individus par espèces, qui, à terme, finit par nuire à leur reproduction. «Et puis, cela appauvrit leur diversité génétique, ce qui accroît la vulnérabilité des animaux aux maladies et aux parasites», souligne Manuel Ruedi.
À Genève, de gros efforts ont déjà été consentis en faveur de la biodiversité. Des cours d’eau ont été renaturés pour reconstituer des habitats naturels. Autre exemple: des haies et des prairies, propices à la faune, ont été restaurées en milieu rural, grâce aux subventions fédérales. Enfin, les agriculteurs ont aussi fortement réduit leur usage des pesticides.
Plan d’action genevois
«Genève a une très bonne politique d’aménagement du territoire, souligne l’inspecteur cantonal de la faune, Gottlieb Dändliker. Plus de la moitié du territoire cantonal est en zones strictement protégées pour l’agriculture, la biodiversité ou les loisirs. Mais il reste encore beaucoup à faire.» Christina Meissner, vice-présidente de la Commission consultative de la diversité biologique à Genève, partage cet avis: «La renaturation des cours d’eau n’a pas résolu le problème de la quantité et de la qualité de l’eau, qui sont parfois insuffisantes.»
En réponse aux demandes des associations environnementales, le Conseil d’État a présenté un plan d’action en juin. Il prévoit notamment de recenser et protéger les milieux favorables à la faune, de continuer à développer les corridors biologiques reliant ces habitats et leurs populations entre eux, de lutter contre la pollution lumineuse nuisible aux espèces nocturnes, de s’attaquer à la pollution des milieux aquatiques et d’augmenter les effectifs des espèces menacées. Enfin, les diverses
politiques publiques comme l’aménagement du territoire devront systématiquement prendre en compte la biodiversité.
Hélas, à peine ce plan d’action publié, le Conseil d’État décidait, dans le cadre de restrictions budgétaires, de raboter son budget. «J’ai été choquée d’apprendre qu’il sera réduit de 500’000 fr. par année pendant dix ans, tonne Christina Meissner. Cela fait douter de la sincérité du Conseil d’État.»
► SOURCE : Tribune de Genève (voir l'article)
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