La Suisse vit un nouvel âge d’or des rapaces

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Message  Gentiane Jeu 5 Jan - 15:38

Source : Tribune de Genève (01.01.2023)

Presque toutes les espèces de rapaces du pays voient leur population en hausse. Gypaètes, aigles, hiboux et autres recolonisent le territoire perdu.

L’«essor» de nos plus grands oiseaux est tellement «réjouissant» que les experts de la Station ornithologique suisse, à Sempach, parlent d’un possible «âge d’or des rapaces». De son côté, le WWF qualifie de «succès absolu» le retour du gypaète barbu, qui figure dans sa liste des animaux gagnants de l’année.

«2022 lui a été favorable dans l’espace alpin et particulièrement en Suisse, où 21 jeunes ont pris leur envol, contre 49 dans les Alpes en général. Depuis 2007, leur population augmente très rapidement; elle est actuellement de 250 individus environ en Suisse», note Cédric Jacot-Guillarmod, au WWF.

En plus du gypaète, «presque toutes les espèces de rapaces diurnes et nocturnes ont recouvré des effectifs relativement élevés, et même parfois record, comme pour le milan royal», complète la Station ornithologique suisse.

De quoi réjouir des associations habituées à alerter sur la chute de la biodiversité. «C’est important de parler aussi des succès: ces résultats montrent que les efforts de conservation donnent des résultats», apprécie la porte-parole Chloé Pang.

Des rapaces jusqu’en ville
On peut repérer des signes de cette embellie un peu partout, et les chiffres de la Station ornithologique confirment cette impression visuelle (voir infographie).

«Depuis mon train, entre Berne et Lausanne, j’ai vu une trentaine de milans royaux au-dessus des champs», dit Chloé Pang. Les habitués des autoroutes en hiver n’ont pas manqué de repérer les nombreuses buses qui guettent des mulots depuis un piquet en hauteur, et les rapaces s’aventurent encore en ville, surtout en hiver.

«Le faucon pèlerin vient chasser des pigeons à Lausanne. Il y a encore un autour des palombes qui vient prélever une corneille, un corbeau freux ou une mouette au port d’Ouchy, à la tombée de la nuit. On peut aussi voir des faucons crécerelles, qui se sont spécialisés dans la capture des moineaux. Les rapaces sont de moins en moins farouches, c’est lié à la bienveillance des humains à leur égard», raconte le biologiste et photographe animalier Lionel Maumary.

Aigles, hiboux, circaètes…
Parmi les exemples significatifs de la bonne santé des rapaces, Lionel Maumary évoque encore l’aigle royal. «Cette espèce est tellement nombreuse dans les Alpes, que ce territoire est saturé et qu’ils colonisent de nouveau le Jura. Après deux cents ans d’absence, des aigles sont redevenus des oiseaux nicheurs dans la région.»

En Valais, c’est le petit-duc scops qui est «l’histoire à succès du canton, dit Chloé Pang. Au XIXe siècle, on le trouvait jusque dans les parcs des villes, à Sion et Sierre. Il a décliné dans les années 1970 à cause de l’intensification du paysage agricole et urbain, mais ses effectifs remontent rapidement, suite à des mesures de protection.»

Dans le canton de Vaud, le gagnant de l’année est le circaète Jean-le-Blanc. «Un premier couple a niché cette année», raconte Lionel Maumary qui a révélé l’installation de ce grand mangeur de vipères. Cette arrivée en annonce d’autres. Les nombreux ornithologues de Suisse guettent l’arrivée du très élégant élanion blanc, de plus en plus fréquent dans nos contrées.

De rares exceptions
À côté de ces succès remarquables, le spectaculaire grand-duc d’Europe connaît moins de réussite (il a notamment colonisé la rive sud du lac de Neuchâtel), mais se trouve en déclin dans les Alpes, surtout dans les Grisons.

Également à la peine, la chevêche d’Athéna, cette petite chouette que l’on voit surtout à Genève et au Tessin, «peine à trouver de la nourriture en suffisance pour ses jeunes dans les cultures intensives», signale la Station ornithologique.

Enfin, il y a le cas du faucon pèlerin, qui est en déclin, à cause notamment du braconnage. «Il y a eu des envois de pigeons kamikazes empoisonnés devant un nid de ces rapaces dans la région de Bâle», rappelle Chloé Pang. C’est l’un des rares rapaces qui a conservé des ennemis chez les colombophiles. Car le grand retour des rapaces en Suisse s’explique d’abord par une évolution radicale des mentalités.
Gentiane
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